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Peintre, scénographe et designer, Richard Peduzzi présente cet automne ses créations tous azimuts dans une exposition intitulée « Perspective », jusqu’au 31 décembre à la Galerie des Gobelins du Mobilier national, à Paris. Il se confie également, sur le mode de la conversation, au journaliste Arnaud Laporte dans l’ouvrage Percussion discussion chez Actes Sud.
Au départ, je voulais être peintre, puis, ayant rencontré le metteur en scène Patrice Chéreau en 1967, je me suis dit que tout ce que j’aimais était réuni dans un décor de théâtre ou d’opéra : dessiner, lire, écouter de la musique et avoir les yeux ouverts sur le monde. Je fais souvent de petits dessins, et les voir prendre vie, passer d’une feuille de papier A4 à des constructions éphémères atteignant jusqu’à 15 mètres de haut, c’est une fête. Ce que j’ai appelé « construire ma peinture ». Pour le design, tout a commencé ici, aux Gobelins, le Mobilier national m’ayant fait une première commande en 1989, un an après que j’ai dessiné une chaise pour Le Conte d’hiver, de Shakespeare. S’en est suivie jusqu’en 2013 une trentaine de pièces pour cette institution, dont des assises pour le public au Musée du Louvre. Ainsi sont nés le rocking-chair fait d’un seul ruban de bois mélaminé en merisier ou la table Pyramide.
C’est une continuité dans l’approche de l’espace. Une chaise est un temple, une architecture avec des pieds et un toit sur lequel on s’assied : on y dîne, on y discute, on y rêve. C’est la vie de chaque jour, une chaise ! Je suis un autodidacte, un peu voyou, dilettante dans ma jeunesse. J’avais tenté le concours de l’Ensad [Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris], et l’avais raté à l’époque, rendant copie blanche. Je n’imaginais pas revenir des années plus tard comme directeur de cette école prestigieuse. Entre-temps, ma soif de connaissances et ma curiosité m’ont sauvé. J’ai d’abord été fasciné par le baroque puis par l’architecture industrielle du XIXe siècle : les quais, les conteneurs… qui avaient baigné mon enfance au Havre. J’ai ensuite découvert les architectes italiens Gio Ponti, Carlo Scarpa et Ettore Sottsass, ainsi que les Français Jean-Michel Frank et Pierre Chareau, et je suis tombé amoureux des lustres en plâtre d’une poésie folle de Diego Giacometti. J’ai alors compris que le design était un art à part entière, un peu prophète, un peu messager.
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